- -ado
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Suff. nom. employé dans l'argot de Paris pour former, sur le modèle des mots en -ado empruntés à l'esp., des dér. qui désignent des cigares de mauvaise qualité :cinq centimados (NYROP t. 3 1936, § 369)crapulados « mot à mot, le havane de la crapule — ironie à l'adresse des noms pompeux qui distinguent les cigares de la Havane » (L. LARCHEY, Dict. historique d'argot, 1878)fraternellados « cigare à trois sous les deux » (NYROP, ibid.)soutado pop. et par plaisanterie, « cigare d'un sou » (LITTRÉ)voyoutado « mauvais cigare »Morphol. — -tado :p. anal. de forme avec des mots en -out, comme bout / bouter, égout / égoutier, un t s'est développé devant le suff. dans les dér. dont la base présente une finale en [u] : sou / sou-t-ado, voyou / voyou-t-ado.Étymol. ET HIST.A.— Étymol. — Le suff. -ado(s), doublet de -é et de -at, remonte au lat. -atu(s). Il a été emprunté directement à l'esp., en partic. au terme esquichado qui désigne un cigare (« cigare pressé » — LITTRÉ).B.— Vitalité et productivité. — L'analyse se fait facilement dans les qq. mots arg. en -ado(s) : cinq centim(es)-ados / crapul(e) -ados / fraternell(e)-ados / infect(e)-ados / sou-t-ado / voyou-t-ado.Rem. 1. Les autres subst. en -ado sont des mots relativement récents (XVIIIe ou XIXe s.) directement empruntés à l'esp. :aficionado (1840 — DAUZAT 1964) « amateur de course de taureaux »colorado « insecte destructeur de la pomme de terre » (LITTRÉ)tornado (1750 — BL.-W.4) « tornade des côtes de l'Amérique » (QUILLET 1965)zapatéado (1842 — DAUZAT 1964) « danse » de zapato « soulier »Cf. eldorado (1640 — BL.-W.4) « pays merveilleux de rêve, de délices »— Empr. exceptionnel au port. : carbonado (1890 — Pt ROB.) « diamant noir utilisé pour le forage des roches dures ».Rem. 2. À noter un ex. de finale homophone : mikado « empereur des Japonais », du japonais mikaddo « souverain pontife de la religion au Japon ».
Encyclopédie Universelle. 2012.